Lorsqu’on investit dans l’immobilier, et plus particulièrement dans le cadre d’une vente aux enchères, l’un des enjeux majeurs est la question de l’occupation du bien. Est-il libre ou occupé ? Et si occupé, par qui, et à quel titre ? C’est dans ce contexte qu’il est essentiel de comprendre la portée juridique d’un bail à 0 €, notamment en lien avec le droit de location.
En droit français, un bail est défini par l’article 1709 du Code civil comme un contrat où une partie s’engage à fournir la jouissance d’un bien à une autre "moyennant un certain prix". Ce prix est, en pratique, le loyer. Ainsi, l'absence de loyer rend le contrat nul, même s’il est formalisé par écrit.
Un bail à 0 €, même signé, ne remplit donc pas les conditions essentielles du contrat de location. Il est considéré comme inexistant juridiquement. Par conséquent, l’occupant ne bénéficie pas des protections prévues par le droit de location (durée minimale du bail, droit au renouvellement, encadrement du congé, etc.).
Ce principe a été confirmé à plusieurs reprises par la jurisprudence : le versement d’un loyer ou d’une contrepartie est une condition de validité du bail.
Un bail à 0 € est souvent confondu avec une mise à disposition gratuite du logement. Or, en droit, cette seconde situation correspond au prêt à usage, ou commodat, défini par les articles 1875 et suivants du Code civil.
L'article 1875 décrit ce contrat comme "la remise gratuite d’une chose à une personne, à charge de la restituer après usage". Il n’ouvre droit à aucune protection de type locatif. L’occupant peut être invité à quitter les lieux à tout moment par le propriétaire, sans préavis spécifique ni obligation de justification.
Même un bail verbal peut produire des effets s’il y a paiement d’un loyer. En revanche, un contrat écrit ou verbal sans aucune contrepartie financière n’a aucune valeur locative. Il s’agit alors d’une tolérance d’occupation.
| Critère | Bail classique | Occupation à titre gratuit |
| Loyer | Obligatoire | Aucun |
| Durée minimale | Oui ( Selon le type de bail) |
Non |
| Protection du locataire | Oui | Non |
| Possibilité d'expulsion | Délais de procédure et renouvellement de bail | Quelques jours |
| Droit au renouvellement | Oui | Non |
Dans une vente aux enchères judiciaires, le bien est souvent occupé. Cela peut être perçu comme un risque si un bail est en cours. Toutefois, si le bail prévoit un loyer nul, le contrat est juridiquement invalide.
En tant qu’acquéreur, cela signifie que vous n’avez pas à attendre la fin du bail, ni à respecter les délais d’un congé classique. Le locataire n’en est pas un juridiquement, car le bail est réputé inexistant. Vous pouvez donc engager une procédure d’expulsion pour occupation sans droit ni titre. Source: cours-appel.justice.fr
Avant d’enchérir, il est donc important de vérifier:
Un bail à 0 €, même signé, n’est pas opposable à l’acheteur. Il n’ouvre droit à aucune indemnisation, ni délai particulier.
Un bail à 0 € est un contrat nul en droit français. Il ne confère aucun droit au prétendu locataire, même en cas de contrat signé. Dans le cadre d’une vente aux enchères, cela permet au nouvel acquéreur de récupérer rapidement les lieux, sans passer par les contraintes habituelles du droit de location. C’est un point fondamental à vérifier avant toute acquisition d’un bien occupé.
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